Dans la cohue matinale toute relative qui régnait au Ministère, un homme avançait. Il était arrivé par la Porte des Dragons et traversait à présent le Grand Hall. Tout autour de lui, les cheminées enchantées crachaient les quelques sorciers qui n'avaient pas oublié de quitter le confort de leur lit pour venir travailler.
Dans l'escalier d'honneur, il fut arrêté à quelques reprises. Un gobelin voulait connaître les conclusion d'une enquête qui s'avérait, hélas ! encore non résolue ; le directeur du DUST, lui, voulait savoir si le budget de la nouvelle année avait enfin été fixé ou s'il fallait encore s'attendre à un report... Merloin, le secrétaire du Ministre, voulait simplement savoir s'il pouvait implanter des boulus d'eau douce dans la fontaine de Gwendoline.
Merlinus Mentis, Président-Sorcier du Magenmagot, décida d'éviter les gêneurs en allant inspecter son département. Il aurait dû compter parmi les plus actifs du Ministère mais, évidemment, l'activité de ce dernier était bien redescendue depuis un an. La subtransdélocaliportation des locaux avait déstabilisé plus d'un employé, et ces derniers préféraient désormais rester chez eux, affirmant ne s'être pas encore remis du zévénement.
Il n'était donc pas encore l'heure de déjeuner lorsque le Président-Sorcier atteignit enfin son bureau. Les multiples tables de travail qui l'occupaient étaient presque toutes recouvertes d'un incroyable monceau de parchemins, papier, artefacts et autre objets divers difficilement identifiables.
Dans l'antichambre du bureau, les deux secrétaires levèrent la tête de leur travail quand leur supérieur franchit la porte. Il fit signe à Émérence, la jeune femme qui avait pour rôle de faire lien entre lui et le Magenmagot, qu'il ne tenait pas à aborder ces sujets pour le moment. Il indiqua en revanche à Kasparus de l'accompagner dans son bureau.
Kasparus était son secrétaire personnel depuis son élection au poste de Président du Temple des Lois. Il lui était d'une fidélité sans faille, et Merlinus le lui rendait bien. C'était un centaure et, pourtant, il appréciait grandement sa vie au sein du Ministère et du Quartier Mouchetard, pourtant conçus principalement, l'un et l'autre, pour le confort des sorciers ou du moins des créatures entièrement humanoïdes.
La porte du bureau se referma sur eux et Émérence retourna à son travail. C'était une journée ordinaire au Ministère.